Une pression du pouce, un bruit sourd. La flamme vient alors danser non loin ta paume une fraction de seconde avant de disparaitre tout simplement, dans le silence le plus total. Clac. Tu referme le capot d'un mouvement vif et précis du poignée, sa couleur argenté vient assaillir un moment tes yeux avant que tu ne le caches au reste du monde et l'enferme dans ta poche. Elle s'embrase alors et rougit devant toi, tu inspires un instant son parfum, tu le laisses s'insinuer un instant sur ton palet avant d'entrouvrir les lèvres pour laisser échapper sa fumée grisâtre.
Tu aspires à un moment de paix que tu sais d'avance éphémère. Si seulement il pouvait durer un peu plus longtemps. Si seulement. Mais tu restes à l'affut, tu cherches les vagabonds, tu attends les pauvres brebis qui se seraient égarées tout à fait par hasard. Alors tu patientes calmement, le seul objet qui te rapproche de cette paix calé entre ton index et ton majeur. Tu le coinces alors de nouveau entre tes lèvres et inspires à nouveau. Une bouffée de chaleur monte en toi, pour redescendre aussitôt lorsque de nouveau tu laisses échapper cette quiétude grisâtre.
Tu laisses ton regard se poser sur ces nuages de cotons, défiant l'azur, ils le traversent serein, lentement mais surement. Tu aimes cette lenteur chez eux, ils ne craignent rien, ils avancent sans ce préoccuper du reste - comment le pourraient-ils de toute façon -, portés par le vent. Eux ont surement trouvé cette paix que tu cherches. Tu fronces alors les sourcils et prend une nouvelle bouffée. Tes yeux se posent alors sur les courbes de la fumée, tu la suis montrer tranquillement que les airs. Pourrait-elle, elle aussi, atteindre ce bonheur si lointain ?
Tu devrais y aller, il sera bientôt l'heure. L'heure d'aller jouer le grand méchant loup. Sans plus te presser que ça tu fais quelque pas et dans un pur réflexe lance ta cigarette. Malheureusement tu ne remarques que trop tard la direction qu'elle a pris. « Idiot ! » Tu ne viens pas ici simplement parce que cette endroit et calme non. Tu l'aimes tout simplement. Tu aimes ce paysages, ces plantes, cette harmonie. Tu t'es toujours demandé qui s'en occupait, à ta connaissance il n'y a pas de jardinier, peut être le club de jardinage, sans doute, c'est fort probable. Pourtant tu ne les voit pas souvent par ici, non ce n'est juste que tu n'es pas là quand ils viennent, c'est fort probable.
Mais il faut bien que ça arrive un jour, que tu fasses cette erreur. C'était prévisible, tu le savais, mais tu n'as rien voulu savoir et tu n'en as fait qu'à ta tête. T'écarter du chemin n'est pas pour toi, suis le comme tu l'as toujours fait, tu y réfléchira deux fois avant de commettre cette même erreur.
Tu t'approches alors de ces plantes que tu contemples chaque fois que tu viens, tu ne t'en lasses jamais, chaque fois tu vois chaque détail modifié s'il y en a. Tu vas devoir à ton tour modifier ces plantes, briser cette harmonie. La fumée s'échappe un peu plus loin, tu t'avances alors et entres sur le terrain de ton plus grand déplaisir. Tu ne sais pas être délicat et léger, alors tu avances d'un pas sûr, tu poses les pieds à plat sans plus te poser de question que ça. Tu cherches un instant à tâtons avant de trouver l'objet de ton erreur et le reprend rapidement pour le jeter dans une poubelle alentour. Tu reviens alors sur ton désastre, à cause d'un simple accident. Les traces de tes pas sont bien là, quelques fleurs ont ployés sous ton poids tandis qu'une autre à légèrement brunit face à la cigarette. Tu as réduit à néant quelques jeunes pousses et à arraché une ou deux plantes en cherche cette objet. Tu es d'une maladresse que personne ne pourrait croire et pourtant. A toi seul tu as réussi à défigurer ce paysages que tu affectionne tant.
Tu t'accroupis alors devant ton carnage. Ta main vient glisser dans tes cheveux pour libérer ton visage de leur présence avant de terminer sa course sur ta nuque. « Tss. » Tu n'es vraiment pas quelqu'un de manuel, et réparer ça n'est pas quelque chose de facile pour toi. Tu observes alors sans un mot, tu cherches une solution. Tu te sens désolé - et bien une des rares ou tu l'es - pour celui ou celle qui avait fait ça.
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