Sujet: Lack of control ; pv Lains S. Keelan Mar 3 Nov - 21:54
Tout s’était passé si vite. D’abord les ventes, nombreuses, des jours plein d’angoisse, de bons moments et de petites estafilades qui feront de bons souvenirs. Rashieka avait du déprogrammer la vente des chevaux des brigades spéciales pour faire passer celle de l’exploration en priorité, ayant été informée du départ imminent des soldats. En deux ou trois jours, elle avait vu nombre de ses protégés, ses enfants, jeunes chevaux plein de fougue qu’elle avait élevé avec amour et patience, partir entre les mains de leurs nouveaux propriétaires. Elle savait que beaucoup ne reviendrait pas indemne de cette expédition extra-muros. Mais elle avait donné le meilleur d’elle-même pour les préparer à cette vie de danger. Puis ensuite la vente des chevaux destinés aux brigades spéciales. Elle s’était plutôt bien passée, mais c’était toujours quelque chose de mouvementé, une vente de cette envergure. Elle avait dit au revoir à Flambeau et à d’autres, consciente qu’ils seraient parfaits pour le travail qui les attendait. Elle les croiserait peut être de nouveau dans les rues, peut-être. Il en allait de même pour les chevaux qu’elle avait cédés à bon prix aux garnisons. Au final, elle était rentrée dans son budget, et pouvait rester tranquille jusqu’à la prochaine saison de ventes.
Elle pensait pouvoir souffler, se reposer enfin et prendre un peu soin d’elle. Mais le cours des choses en avait décidé autrement. Les Bataillons d’Exploration partis au-delà des murs, l’humanité connut une nuit des plus sombres, marquant à jamais les esprits. Lorsqu’on lui avait annoncé en urgence en plein milieu de la nuit, que des rebelles avaient lancé une attaque dans le QG des garnisons et au sein du mur Sina, elle sentit son cœur manquer un battement et son monde s’arrêter de tourner. Elle avait pensé à Charly, elle avait pensé à Milo. Elle avait sellé Karnival et avait filé droit vers le QG des brigades, dans un geste inconsidéré, une décision impulsive guidée par la crainte de les perdre. Elle avait chevauché jusque tard dans la matinée, poussant à bout sa jeune monture, l’esprit entièrement préoccupé par une unique question : étaient-ils toujours en vie ?
Rashieka s’était jetée dans les bras de Charly, lorsqu’elle l’avait enfin trouvé, après avoir erré la journée durant, dans le QG, entre les blessés. Il n’avait qu’une égratignure à la joue, et heureusement. C’était un miracle, vu le nombre de morts que l’on devinait sous les draps blancs recouvrant leur corps, dans la cour du QG. Elle avait eu si peur. Charly lui indiqua que le camp d’entraînement n’avait pas subi d’attaque, et ce fut une deuxième vague de soulagement pour la lady. Milo allait bien, lui aussi. Elle était rentrée tremblante chez elle, et avait longuement pleuré dans son bain, évacuant la trop grande pression des évènements récents.
La vie reprenait son cours. Du moins, les gens essayaient de faire en sorte que la vie reprenne son cours. Chacun se savait en danger, pourtant. Rashieka devait aller acheter quelques huiles essentielles et produits homéopathiques, destinés à calmer et soigner les troubles psychologiques qu’elle décelait chez les chevaux qu’elle élevait. Eux aussi, ressentaient l’ambiance morose et angoissante qui sévissait partout dans les murs. Elle les sentait tendus et craintifs. Les plantes les aideraient à se calmer, et permettraient de ne pas ralentir la progression de leur dressage. Bien que la saison des ventes soit finie, Rashieka avait encore beaucoup de travail. Bientôt débuterait la saison des montes, et si les juments de son élevage n’étaient pas disponibles, elle prendrait du retard sur toute une année. Elle ne pouvait pas se le permettre.
Attachant machinalement les rênes de Karnival au poteau devant l’enseigne de l’apothicaire chez qui elle avait l’habitude de se rendre, elle grimaça quand son poignet gauche eut un sursaut de douleur, lorsqu’elle bougea l’articulation. Elle ne s’était pas encore remise entièrement de sa chute, pendant sa rencontre avec le jeune noble O’Leary. Ignorant sa blessure, qui finirait bien un jour par disparaître, elle pénétra dans l’enceinte de la boutique. La porte se referma en cliquetant derrière elle. D’un pas las, et le regard vide et fatigué, Rashieka commença à chercher les produits dont elle avait besoin, vagabondant dans les rayons, entre plantes séchés, bocaux étranges, produits chimiques et parfums aromatiques. Les mains pleines, elle allait attraper un flacon d’huile d’ortie, quand une femme la bouscula négligemment, faisant tomber au sol ce que tenait la lady. Elle se serait retournée pour interpeller la madame, mais elle était si lasse, qu’elle n’avait même pas la force de demander une excuse de sa part. Rashieka se contenta d’observer les flacons et plantes tombés sur le sol, pendant deux ou trois secondes, avant de se décider à les ramasser en soupirant, vidée.
L’esprit préoccupé, alors qu’elle rassemblait les produits, elle se remit à penser à la lettre qu’elle avait reçue le matin même. Milo lui avait écrit. Il lui avait écrit pour lui dire qu’il désirait ardemment rejoindre les bataillons d’exploration à la fin de son entraînement. Rashieka n’avait pas su comment réagir face aux mots de son jeune cousin. Elle ne voulait pas le perdre, pas lui. Ni Charly d’ailleurs. Mais l’exploration… C’était signer son arrêt de mort. Une si jeune recrue avait peu de chance de survie extra-muros. Et avec les rebelles maintenant, entre les murs, elle avait si peur qu’il leur arrive malheur à tous les deux. Milo n’avait surement pas encore bien réfléchi. Vainement, elle tentait de se rassurer quant au choix du jeune homme. Remuant le couteau dans la plaie en pensant qu'elle pourrait les perdre le lendemain, elle laissa tomber par inadvertance un flacon qui roula sous une étagère, son poignet gauche refusant décidément de lui obéir convenablement en ce jour.
Fronçant les sourcils, et soupirant de plus belle, jurant contre sa maladresse, Rashieka se coucha sur le sol pour essayer d’attraper à l’aveugle le flacon disparu.
Sujet: Re: Lack of control ; pv Lains S. Keelan Dim 10 Jan - 22:37
Il n'avait pas été là. Il n'y pouvait rien, bien sûr, comment aurait-il pu prévoir ce qu'il s'était passé ? Seulement, les faits étaient là et il n'avait pas été présent.
Quelques jours déjà s'étaient écoulés depuis la révolte, mais Lains ne parvenait toujours pas à accepter les événements. Ce n'était pas spécialement la mort du roi qui l'avait marqué – il n'avait jamais eu de grande estime envers cet homme qui ne se préoccupait que des nobles et laissait les autres dans leur déchéance. De toute façon, sa tête ayant été tranchée, il n'y avait plus rien à faire pour lui. En revanche, la moitié de ses collègues de la Garnison avait été tués et certains auraient peut-être survécu s'il y avait eu davantage de soignants présent à ce moment là. Pendant ce temps, la section d'exploration était en mission, dont lui, médecin. Il n'avait pas pu être auprès des blessés lorsque ceux-ci en avaient besoin.
Lains savait qu'il ne pouvait pas être partout à la fois. Ses collègues de l'exploration avaient autant besoin de lui – si ce n'est plus, lors de certaines missions particulièrement meurtrière – que ceux qui restaient entre les murs. Après tout, ce n'était pas pour rien s'il y avait plusieurs médecins dispersés dans chaque section de l'armée, ainsi que chez les civils, mais dans certaines situations même toutes les mains soignantes réunies ne suffisait pas à s'occuper de tout le monde. Enfin, autant dire que ce c'était le genre de surprise dont notre soldat se passerait bien lors des retours d'expéditions. De plus, il restait encore des blessés à soigner et surveiller, donc ce n'était pas le moment de se reposer sur ses lauriers et de se remettre tranquillement de son retour d'en dehors des murs.
Les jours suivants, le médecin avait passé une bonne partie de son temps avec les blessés, relayant ses collègues soignants, jusqu'à qu'on finisse par le mettre dehors pour le forcer à prendre du repos. Il devait bien avouer qu'il n'en pouvait plus et la preuve en était ses cernes qui n'avait jamais été aussi marqué – ce qui n'est pas peu dire. Il avait beau savoir qu'un médecin trop fatigué n'était guère compétant et même potentiellement dangereux, c'est difficile à accepter quand c'est nous que ça concerne. Il n'avait cependant pas protesté longtemps, ayant bien conscience que les autres avaient raison : il lui fallait un congé.
Sa nuit avait été bonne. Il n'avait pas dormi particulièrement longtemps, mais plutôt bien, en tout cas suffisamment pour qu'il se sente reposer. Il lui restait du sommeil en retard, bien entendu, mais c'était déjà bien. Il ne comptait pas passer sa journée au lit, de toute façon, bien que les idées quant à comment s'occuper aujourd'hui ne se bousculaient pas au portillon. Bah, il passerait en ville et trouverait bien quelque chose à faire.
Ainsi, Lains avait commencé par se balader, un peu au hasard, prêtant plus ou moins d'attention aux bâtiments l'entourant. Lui ce qui l'intéressait surtout, c'était de croiser du monde, être social – et surtout poussé par son envie d'embêter le monde – qu'il était. Finalement, avec le temps, il décida de se diriger vers une apothicairerie qu'il avait l'habitude de fréquenter dans le coin. Refaire une réserve de médicament ne serait pas un mal au vu des dernières circonstances et leurs produits étaient de bonne qualité.
Arrivé à destination, il commença donc à parcourir les étagères des yeux pour retrouver ce dont il pourrait avoir besoin. Ça aurait été plus simple s'il avait pu vérifier ce qu'il lui restait en stock à l'infirmerie et ce qu'il manquait. Enfin, il y avait toujours des choses qui servaient plus que d'autres. Les anti-douleurs, notamment. Néanmoins, au bout de quelques pas, c'est quelque chose de plus intéressant qu'il trouva. Ce n'était pas sur les étagères, mais plutôt en dessous et ce n'était pas un flacon, mais une personne. Vraisemblablement, elle avait fait tombée quelque chose et le cherchait. S'il s'agissait du flacon qui venait de faire un petit trajet sous l'étagère pour finalement venir rouler près de son pied, alors elle n'était pas prête de le trouver. Il se pencha pour ramasser l'objet avant de s'adresser à la jeune femme.
« Je suppose que c'est ce que vous cherchez. »
Il lui tendit le flacon, tout en l'observant quelques secondes. Il lui semblait bien l'avoir déjà vu et cherchait à retrouver où ça avait été. Elle n'avait pas un physique particulièrement banal – cheveux flamboyants, cicatrice au visage –, ce n'était pas tellement le genre que l'on pouvait facilement oublier. Ah, mais oui ! Il s'agissait de la commerçante leur vendant les chevaux. Il l'avait déjà aperçu quelques fois quand elle effectuait les ventes, mais n'avait jamais vraiment eu l'occasion de discuter avec elle. Enfin, le monde est petit, comme on dit, même si c'est toujours amusant de faire face à ce genre de coïncidence.
« Vous êtes celle à qui on doit les chevaux de l'armée, n'est-ce pas ? C'est vraiment des belles bêtes que vous avez. »
Ah ça, ils lui devaient une fière chandelle quand même, ils ne pourraient pas faire grand chose sans ces animaux, mais ce n'était pas seulement les chevaux en eux-même qui était le plus important. Le plus important c'était leur dressage, qu'ils soient près à ce qui les attendaient et sur ce sujet, on pouvait dire qu'ils étaient irréprochables. Ça devait être un sacré boulot, n'empêche.
Sujet: Re: Lack of control ; pv Lains S. Keelan Lun 11 Jan - 22:45
[Youpi.♥]
Mais où était-il donc passé ? Tâtonnant sous l'étagère, sa main frôlait parfois des moutons de poussière accumulée, la faisant grimacer. Personne ne faisait donc le ménage correctement ici, ou bien ? Ce n'était tout de même pas sorcier de tenir un commerce propre et prêt à accueillir les clients maladroits qui devraient se mettre par terre pour fouiller sous les meubles, enfin. Elle n'avait pourtant pas l'habitude de se coucher sur le parquet, mais il lui semblait qu'elle devrait se familiariser avec le fait de ramasser des choses les jours suivants. Elle était si fatiguée. Elle en devenait si malhabile. Jamais elle n'avait été aussi gauche, et en plus avec ce poignet qui faisait des siennes, décidément, elle n'était vraiment pas dans son assiette.
Elle laissa s'échapper un nouveau juron dans un murmure. Pas très classe la lady, mais enfin ! Il ne fallait pas la chercher aujourd'hui. Gare à celui qui viendra lui trouver des noises et ce flacon d'huile essentielle était bien partie pour, le vaurien. Elle soupira et fronça les sourcils, plongeant son bras plus profondément sous l'étagère en y jetant un coup d'œil, lorsqu'une voix masculine s'éleva près d'elle. Rashieka releva son minois vers le haut. Vers le grand haut. Oui. Parce qu'elle était bien basse pour regarder ce jeune homme brun qui la toisait d'une très très très belle hauteur. Elle le fixa quelques secondes, puis son regard glissa vers la main tendue vers elle et le flacon qu'elle tenait. Oh. Le voici donc, ce satané charlatan de pot d'ortie. La lady se releva et épousseta sa robe beige, avant de prendre le flacon tendu et surement ramassé par l'homme qui se tenait devant elle. C'est qu'il venait de la voir dans une drôle de position. Mais bon, c'était fait.
« Oui, merci. » lui répondit-elle avec douceur de sa petite voix un peu éteinte.
Elle le détailla quelque peu, constatant qu'elle avait l'air d'une naine à côté de lui. Il n'était pas bien large, mais tout de même, avait déjà sa carrure d'homme. Assurément, ils devaient tourner autour du même âge tous les deux. Grand, des cheveux noirs comme la nuit, des yeux d'acier et oh... Des tatouages ancrés sur les doigts et le dos des mains, marqués dans sa peau basanée. Pas banal le jeune homme ! Rashieka glissa de nouveau ses prunelles sur le visage de l'inconnu, après l'avoir regardé de haut en bas et de bas en haut, sans s'en cacher. Il disait la reconnaître. Mais elle ne se souvenait pas de l'avoir déjà croisé (sinon pour sûr qu'elle s'en souviendrait). C'était un gars de l'armée, déduction de ce qu'il avait dit. Il parlait de ses chevaux, et elle ne put rectifier le tir et rajouter, non pas peu fière, d'un ton quelque peu taquin malgré sa fatigue.
« Oh mais elles ne sont pas que belles. Ce sont les meilleures, mon cher monsieur. »
Le regard un peu plus allumé qu'auparavant, intriguée par cette rencontre, elle lui offrit l'esquisse d'un sourire, bien amusée par sa propre remarque un peu –beaucoup- orgueilleuse. Mais bon, elle le vivait bien. Elle se savait un peu trop mère poule avec ses animaux et souvent ses ouvriers la charriaient à ce sujet. Que pouvait-elle bien y faire ? Ce n'était pas de sa faute si ses bêtes étaient les plus performantes. Qu'y faisait-elle ? Oh, pas grand-chose... Enfin, c'est-ce qu'elle disait toujours, entre deux heures de monte, une heure de repaillage, une leçon d'équitation et un rendez-vous avec le bourrelier ou le vétérinaire. Mais donc, elle devait bien mettre un nom sur le visage de ce brave soldat. Elle s'acquitta de son nom, bien curieuse de connaître son identité. Et puis, après tout, il lui avait retrouvé le flacon, pourquoi ne pas lui accorder quelques minutes de bavardage. Ce n'était pas comme si elle était pressée.
« Quel est votre nom, si je puis me permettre ? » lui demanda t-elle en se dirigeant doucement vers le comptoir, avec toutes ses plantes et tous ses flacons dans les mains, avant de se retourner vivement vers lui. « Oh quelle malpolie je fais. Je ne me suis pas présentée. Lady Rashieka Bartels, enchantée. »
Elle lui offrit un autre sourire, un peu plus expressif cette fois, avant de se détourner de lui et de reprendre son chemin vers le gérant afin de payer ses articles, ses longs cheveux de feu roulant dans son dos en se frottant au tissu soyeux des plis de sa robe.
Sujet: Re: Lack of control ; pv Lains S. Keelan Dim 10 Avr - 20:44
Les événements indésirables. Ce sont ces petites choses qui surviennent dans notre journée sans que l'on s'y attendent et qui ont la fâcheuse tendance de nous agacer – et plus si non-affinité. Le degré d'agacement ressenti est bien souvent proportionnel à notre humeur : plus notre humeur aura été mauvaise ou plus on aura enchaîné les mauvaises nouvelles et plus un de ces événements sera susceptible d'être la goutte faisant déborder le vase. Ceci dit, un événements désagréable survenant en plein moment de pur bonheur peut aussi avoir des conséquences désastreuses. Faire tomber un objet sous un meuble fait parti de ces fameux événements désagréable, en particulier quand on galère à le récupérer et au vu des jurons proférés par la personne concerné par ce soucis, sa journée n'avait pas du être particulièrement bonne. Donc, d'une certaine manière, il avait contribué à alléger un peu la journée d'une inconnue en résolvant le problème "récupération de l'objet fourbe" ; il avait fait sa bonne action du jour. Oui, tout ça pour en arriver là, mais on se donne des raisons d'être fier de nous comme on peut, hein. Lains aimait bien se donner l'illusion d'être un chevalier servant.
« Il n'y a pas de quoi. »
Modeste avec ça. Elle n'avait pas l'air de se souvenir l'avoir déjà vu, contrairement à lui, mais c'était plutôt compréhensible. Après tout, quand elle se rendait au QG, elle se retrouvait entourée de nouvelles têtes en tout genre, pas simple de toute les remarquer. En revanche, les soldats eux n'avaient qu'une seule nouvelle tête à voir, l'attention s'y portait plus facilement. Simple question de logique. Il lui offrit un sourire en entendant sa réponse à propos des chevaux. Elle y tenait à ses bêtes, ça s'entendait et elle n'hésitait pas à défendre leurs compétences, normal puisque c'était elle qui s'en était occupée.
« Je n'oserai pas en douter. Surtout pour avoir eu l'occasion d'en monter de nombreuses fois. »
Elle avait l'air fatiguée, tout comme lui même l'était. C'était peut-être une idée répandue que de se rendre dans une boutique au lieu de se reposer, tiens. C'était sûrement une période éprouvante pour tout le monde, de toute façon et puis c'était déjà pas mal de pouvoir rencontrer des personnes en meilleur santé que les nombreux blessés dont il s'était occupé ces derniers temps.
Comme toute rencontre se doit de débuter par des présentations, son nom fut demandé, mais la jeune femme se reprit rapidement pour lui apprendre le sien en premier. Rashieka Bartels, pas nécessairement ce qu'il y avait de plus simple à retenir, mais il dégageait quelque chose d'original. Il avait un nom à placé sur un visage à présent et c'était à son tour de donner le sien pour qu'elle puisse faire de même.
« Enchanté, Rashieka, je suis le docteur et soldat Lains Keelan, mais je vous prie de m'appeler Lains. Je n'ai jamais eu de grandes affinités avec les formalités. »
Il l'accompagna jusqu'au gérant, ayant lui même récupéré ce qu'il était venu chercher dans l'apothiquaire, pour payer leurs achats. Au moins, il n'aurait pas l'impression d'avoir été complètement inutile aujourd'hui, même si ramener des antalgiques n'était pas ce qu'il y avait de plus grandiose. Enfin, son objectif avait surtout été de croiser du monde et il était bien parvenu à le remplir cet objectif. Sa journée n'était pas perdue.
« Alors dites-moi Lady, qu'est-ce qui vous préoccupe au point de laisser tomber ce qui vous passe sous la main ? »
Le ton était humoristique, mais il se doutait quand même que ce ne devait pas juste venir d'une maladresse – bien que, des gens maladroits, il y en avait à chaque coin de rue. Déformation professionnelle que de se préoccuper de ça ? Peut-être. Ça permettait de faire la conversation par l'occasion, même s'il s'attaquait à un sujet qui pouvait potentiellement s'avérer personnel. Il ne l'obligeait nullement à y répondre si elle ne le souhaitait pas, de toute façon.
[J'ai pas d'excuse pour ce retard, mais j'espère que la répondre te plaira ;w; ♥]
Sujet: Re: Lack of control ; pv Lains S. Keelan Dim 24 Avr - 14:39
C’est tout naturellement qu’il se présenta à son tour. Il se nommait Lains Keelan, et disait être médecin dans l’armée. Rashieka jeta un bref coup d’œil à l’uniforme du brun, alors qu’il prenait des antalgiques en l’accompagnant vers le comptoir pour régler leurs achats. Elle vit dans son dos les ailes de la liberté, dardant leurs plumes fortes et déployées vers le ciel. Elle ne put s’empêcher d’avoir un pincement au cœur.
Elle avait ouï dire que l’Exploration était à peine rentrée d’une expédition, lorsque les rebelles frappaient encore. Blue lui avait confirmé cela, lorsqu’elle l’avait vu, pour s’assurer qu’il allait bien. Ils avaient retrouvé, au lieu d’un foyer chaud et sécuritaire, un bain de sang et les cadavres de leurs confrères. Lains était médecin. Elle n’osait pas imaginer l’horreur des scènes dans les QG et dans les quartiers intra-muros. Elle quitta des yeux le dos du soldat et l’emblème de ceux qui espéraient, déstabilisée. Et dire que Milo voulait entrer dans leurs rangs. Un frisson léger, mais mesquin, parcourra son échine alors qu’elle déposait les flacons, plantes et médicaments sur le bois usé du comptoir, offrant un bref et rapide sourire au gérant.
Alors qu’elle farfouillait dans son sac pour en sortir la monnaie suffisante afin de régler ses achats, elle fut distraite par la question soudaine du soldat. Elle se revit grimpant sur Karnival, à peine sellé et bridé, enfonçant ses talons dans les flancs de l’animal et galopant sans trêve dans un jour à peine levant en direction de ses cousins. Elle eut un très bref flash d’une émotion qui l’avait presque paralysée alors : la peur. La crainte d’en avoir perdu un. La crainte juste, de n’être pas plus en sécurité ici au sein des murs, que dehors auprès des titans. Elle avait vu rapidement l’état de Sina, et avait traversé les rues pleines de larmes et de cris de douleur. Les maisons en ruines, à moitié calcinées, les hommes et les femmes pleurant leurs pertes, parfois des enfants. Elle se revit parcourir les couloirs des bâtisses militaires, en ayant abandonné son alezan au milieu d’une cour, à la recherche d’un visage familier. Elle se revit se jeter dans les bras de Charly et le serrer si fort contre elle qu’il s’en était plaint.
Rashieka glissa ses yeux verts sur le visage de Lains. Un fin sourire étira ses lèvres rosées.
« Oh vous savez, il est un temps de tempête en ce moment… » lui répondit-elle avec douceur. « Je ne vous apprend rien. »
Elle resta très évasive, mais suffisamment précise. Rassemblant ses affaires, elle lui laissa la place et le soin de payer à son tour les médicaments qu’il avait choisi dans les étagères. La lady recula de quelques pas, tournant le dos au gérant et au soldat, son regard émeraude plutôt occupé par les toiles d’araignée qu’elle distinguait au plafond. Un léger soupire vint soulever sa poitrine galbée par le corset qu’elle portait. Elle fut absente quelques secondes. Sa robe virevolta quelque peu lorsqu’elle se tourna de nouveau vers le médecin, lui offrant un sourire, sincère et compatissant.
« Vous avez dû avoir beaucoup de travail, ces derniers jours. »
On ne pouvait pas manquer les cernes marqués sur le visage du soldat. Elle n’imaginait que trop bien que les soignants au sein de l’armée devaient être débordés depuis l’attaque des rebelles. Elle haïssait ces gens-là. Beaucoup de soldats avaient perdu la vie cette nuit. Pour la tête d’un roi. Et de nombreux innocents dans les rangs de la petite bourgeoisie et de la noblesse. Un enfant devait-il payer pour une ascendance qu’il n’avait pas choisie ? Elle eut une pensée discrète pour Elliot, dans sa réflexion décousue. Elle espérait qu’il se portait au mieux.
Rashieka se dirigea doucement vers la sortie, invitant d’un geste et d’un regard le médecin à l’accompagner. Poussant la porte de la boutique, elle s’assura que Karnival n’avait pas bougé. Après sa mésaventure avec Flambeau, elle avait toujours peur de perdre de nouveau sa monture. Heureusement pour elle, pour le moment, personne ne s’intéressait au jeune étalon cuivré. Elle se demandait bien qui pourrait s’y intéresser d’ailleurs : bien que fin et bien taillé, Karnival n’avait pas un caractère docile et il lui en faisait voir de toutes les couleurs. Mais elle cultivait ce côté malicieux chez lui : il avait toujours envie d’apprendre.
En apercevant sa maman, la bête releva sa tête vers elle et tendit les oreilles en sa direction. Rashieka sourit. Si toute l’humanité devenait un monstre, elle avait encore un sanctuaire où se réfugier. Les animaux ne mentaient pas, ne jugeaient pas et ne conspiraient pas. Elle trouverait toujours du réconfort auprès de ses enfants à poils et sabots. Et quelle fidélité. Quand bien même Karnival passait son temps à faire le pitre, elle était certaine des efforts qu’il ferait pour elle, si un jour elle en aurait besoin. Elle doutait que quelqu’un fasse cela pour elle. Elle se surprit elle-même à cette pensée. Au final, elle perdait aussi foi en les hommes. Devenait-elle fataliste ?
Sujet: Re: Lack of control ; pv Lains S. Keelan Sam 13 Aoû - 22:58
Le bain de sang ayant eu lieu quelques jours plus tôt devait encore être dans l'esprit de chacun. Y avait-il seulement une partie du peuple pouvant affirmer avoir été épargnée ? D'une certaine manière, Lains en tirait satisfaction. C'était horrible à dire, mais jusque là le peuple avait toujours subi pendant que les nobles se terraient bien tranquillement dans leur mur ; cette fois, eux non plus n'avaient pas été épargné. Pour certain, cela représentait une preuve que l'on ne pouvait plus être en sécurité nul part, donc une part de stress en plus. Pour Lains, ça avait un certain goût de justice. Il ne s'en réjouissait pas pour autant, c'était juste... légitime, peut-être.
Dans tout les cas, il faudrait du temps avant que les événements quittent le présent pour rejoindre les souvenirs passés. C'était encore trop récent, trop marquant, en particulier pour ceux qui avaient été directement touchés et pour les proches des victimes. De la même façon que les horreurs qu'avaient entraînée la première apparition du titan colossal lui étaient restées en tête de nombreuses semaines, Lains ne parvenait pas à se sortir de l'esprit le funèbre décor qu'il avait découvert en rentrant de mission. Ni les nombreux blessés qu'il avait rencontré entre temps. Les choses avaient changées depuis l'époque où le mur s'était effondré pour la première fois, cela dit. En devenant médecin, il se retrouvait directement en contact avec les victimes des événements. En revanche, il n'avait plus la même crainte de perdre des être chers, puisqu'il n'avait plus de réelle attache depuis la mort de son père – lors de la destruction du mur, justement. C'était dans ce genre de moment que ça avait son avantage.
Rashieka répondis à sa question sur ce qui avait l'air de la préoccuper. La réponse n'étais pas précise, mais suffisante à tout justifier : l'ambiance de ces derniers temps. C'était suffisant à préoccuper tout le monde.
« Ouais, c'est le bordel. »
Ce n'était pas très fin comme commentaire, mais ça exprimait plutôt bien la situation.
Sortant finalement de ses pensées, le médecin remarqua que c'était à son tour de payer ses fournitures, s'avançant donc à son tour vers le vendeur pour lui donner l'argent nécessaire. Il remercia ensuite l'homme avant de se tourner à son tour, prêt à rejoindre la sortie. La jeune femme était éloignée de quelques pas, vraisemblablement absente. Lui-même l'avait été quelques minutes plus tôt, alors il ne comprenait que trop bien, la laissant avec ses pensées l'espace d'un instant.
C'est elle qui rompit le silence de nouveau, faisant remarquer qu'il devait avoir beaucoup de travail ces derniers jours. Il lui avait dit qu'il était médecin, alors ça devait paraître assez logique, effectivement. Lui adressant un sourire, il répondit alors au commentaire.
« C'est les cernes qui vous font dire ça ? » demanda-t-il sur le ton de l'humour. « Mes collègues m'ont mit à la porte, parce que j'ai besoin de repos. Alors si quelqu'un vous demande, faites comme si vous ne m'aviez pas vu. »
C'était davantage destiné à alléger l'atmosphère, comme il en avait l'habitude. Il y avait peut-être une petite part de reproche pour avoir été mis à l'écart. De toute façon, cela n'étonnerait surement personne de savoir qu'il avait choisi de se promener plutôt que de rentrer se reposer : il faisait parti de ces personnes dont les réactions étaient particulièrement prévisibles. Son sourire se crispa légèrement en repensant avec plus d'attention à l'ambiance régnant au Quartier Général de l'armée, prenant de nouveau la parole.
« Plus sérieusement, j'admets que c'est pas la joie là haut, ni nul part ailleurs, finalement. J'espère que vous n'avez pas été touchée personnellement par les événements. »
Elle n'en avait pas l'air physiquement, mais des proches à elle auraient tout aussi bien pu avoir été touché par les attentats. Il y avait eu de nombreux blessés, toutes classes confondues. Lains y avait pensé peu auparavant, en croisant du monde dans la rue : j'ai peut-être soigné ou vu mourir un de leur proche, ce matin même. Il en voyait parfois qui lui semblait avoir un air de famille, alors il se demandait si ce n'était que le fruit de son imagination ou non.
Se dirigeant vers la sortie, Rashieka lui fit signe de la suivre, ce qu'il entreprit immédiatement de faire, l'accompagnant en dehors de la boutique. Le temps était doux dehors et il y avait quelque chose d'agréable à retrouver les légers rayons de soleil. L'attention du soldat se porta cependant vite sur l'étalon qui patientait devant le bâtiment. Le sourire de la jeune femme et l'attention soudaine de l'animal lui confirma qu'il s'agissait du sien. Belle bête, encore une fois. Comme toute celle qu'elle avait, certainement. Le jeune homme s'avança pour effectuer une légère caresse sur le flanc de l'animal.
« On remarque de suite la complicité qu'il y a entre vous deux. »
Sujet: Re: Lack of control ; pv Lains S. Keelan Lun 10 Oct - 20:45
La réponse du médecin ne la surprit guère, aussi brute de forme soit-elle et si peu élégante. Il n’y avait pas besoin de fioritures ni de dentelle autour des mots, des phrases, pour exprimer le ressenti général qui se dégageait à présent de toute l’humanité. Aussi ne fit-elle aucune remarque et n’eut-elle aucune réaction quant à la réplique du brun. Bordel était un mot qui convenait tout à fait.
Lains acquiesça quant au fait qu’il avait beaucoup de travail en ce moment. En même temps, vu les circonstances, c’était une question stupide de lui demander cela. En tant que médecin, ses nuits devaient être très courtes et ses journées très longues. Peut-être même qu’il ne dormait pas, restant aux chevets des blessés, essayant d’en sauver un maximum. Pour le reste, il fallait aussi s’occuper des morts. Il devait avoir le cœur bien accroché, de la force dans l’âme pour porter l’uniforme de médecin de l’Exploration. Un de ces hommes qui n’avaient plus froid aux yeux. Côtoyer la mort tous les jours, risquer sa vie dans les expéditions, au-delà des murs, cela devait forcément forger l’esprit. Au plus profond. Et y laisser quelques marques indélébiles, des lacunes, des trous, des blessures. Devait-il panser ses blessures, lui aussi ? Et plus important encore : parvenait-il à soigner ces blessures ?
C’était peut-être pour cela qu’il était ici, au lieu de profiter de ce « jour de repos » pour dormir et récupérer de l’énergie. Surement qu’il lui était difficile de trouver le sommeil. Mais Rashieka supposait aussi se tromper sur toute la ligne : l’humain était plein de surprises. Elle ne s’étonnerait pas de se faire des illusions au sujet de Lains. Ce ne serait pas la première fois que des préjugés se révéleraient complètement faux.
La lady détailla rapidement les expressions faciales du jeune homme l’accompagnant. Après avoir tenté de détendre l’atmosphère, une légère crispation prit place sur son visage aux cernes marqués, lui donnant l’air encore plus fatigué qu’auparavant. Ou bien l’était-il déjà autant ? Un sourire masque bien des choses. Un délicat mais désagréable frisson parcourut l’échine de la Bartels, lorsqu’elle entendit la suite des paroles du médecin.
Si elle n’avait pas été touchée personnellement. Pas vraiment. Du moins, le pensait-elle. Il y avait bien pire que son cas, oh ça. Elle n’avait pas à se plaindre. Elle n’avait pas retrouvé Milo sous un drap blanc. Elle n’avait pas perdu Charly. Aucun d’eux n’avait eu de membres tranchés ou lacérés. Aucun d’eux n’avait été, en apparence, traumatisés par les événements. Charly lui avait assuré se porter bien, Milo lui avait confié avoir dormi comme un loir cette nuit-là, avec honte. Mais rassuré. Et rassurée qu’elle était, de les avoir toujours égoïstement pour elle, en vie.
Elle se savait chanceuse. Elle savait que cette nuit aurait pu lui apporter bien des malheurs. Alors pourquoi se sentait-elle si faible ? Pourquoi avait-elle cette douloureuse sensation d’un poids dans la poitrine, comme si on lui agrippait le cœur et qu’on lui accrochait toutes les peines du monde. Comme si elle ressentait, bien malgré elle, et sous ses airs de farouche damoiselle forte et indépendante, toutes les douleurs qui l’entouraient, de tous ces gens, toutes ces personnes qui n’étaient plus là à présent, pour leurs proches. Ces soldats à qui on avait dérobé la vie en plein sommeil, en traître. Fallait-il être un monstre pour procéder ainsi. Quel genre d’êtres était ces rebelles ? Ces soit-disant sauveurs de l’humanité. Ce qu’elle pouvait les détester. Ce qu’elle pouvait les haïr. Elle leur cracherait à la figure, peu importe son rang et la politesse et ses vertus. Ils avaient piétiné ses valeurs, elle ne leur offrirait aucune pitié. Même si elle n’était qu’un brin de poussière dans tout ce « bordel ». De la colère. Voilà ce qu’il y avait au fond de son cœur. De la colère, l’incompréhension, le sentiment d’injustice. D’avoir été trahie. Elle aussi poignardée dans les bras de Morphée.
Karnival renâcla, retirant son chanfrein des doigts fins de sa maîtresse. Rashieka reprit ses esprits, en sentant son animal se tendre à ses émotions négatives. Relevant son visage, un air de désinvolture sur son minois, le regard brillant, elle détacha son étalon, attrapant fermement les rênes dans sa poigne. La lady chassa ses fulgurantes pensées vengeresses, et tourna son attention vers Lains. Elle lui offrit un sourire en l’entendant commenter la complicité forte et indéniable qu’il y avait entre elle et l’alezan. Jetant un coup d’œil plein d’affection à la bête, la rousse reporta ses yeux verts sur le soldat.
« C’est certain. Je trouve toujours refuge auprès de lui, quand je ressens le besoin de m'isoler. »
S’isoler des autres humains. S’isoler du reste du monde. Passer du temps avec soi-même. Le ciel et la terre. Et un être qui ne vous abandonnera jamais.
« J’espère sincèrement que chaque soldat possède cette complicité avec sa monture. Elle peut sauver des vies. » rajouta-t-elle en posant son regard sur Karnival qui mâchouillait une lanière de cuir.
Elle se souvenait d’une fois où, avec son grand gris, elle était tombée dans un ravin. L’entier l’avait aidée à en sortir. Il était resté auprès d’elle tout du long et l’avait portée. Une brave bête avec qui elle avait tout appris. A l’extérieur, entouré de monstres gigantesques et sans âme, un soldat devait au moins avoir confiance en sa monture. C’était déjà ça de pris.